La première chose qui peut frapper un spectateur confronté aux œuvres présentées dans l’exposition Conforaman se situe justement dans le détournement artistique de matériaux généralement destinés au gros œuvre. Le ciment ne vient en effet rien cimenter, surtout pas les briques, il est sculpture. On peut remarquer avec Rack III de 2010 que l’accrochage exploite aussi cette rencontre : des étagères faites d’équerres métalliques semblent jouer le rôle de cimaises. Dès lors, la palette de l’artiste n’est plus un support de couleurs du peintre, mais le support d’une sculpture, le socle d’une œuvre que l’on peut déplacer pour peu que l’on soit muni de la bonne machine de manutention. Et s’il est vrai que Palette (chute) de 2006 est une œuvre facilement déplaçable, il est clair que cette base n’est pas là pour accroître la valeur d’exposition de la sculpture ; elle ne sert pas à faciliter le transport des chutes de bois recomposées en cube. À la transportabilité du monde de l’ouvrier correspond l’exposabilité du monde de l’artiste.